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Jusqu'à 3000 travailleurs recherchés dans les CPE

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Author: 
Rémillard, David
Format: 
Article
Publication Date: 
29 May 2020

EXCERPTS

Il pourrait manquer jusqu'à 3000 travailleurs dans les centres de la petite enfance (CPE) lors de la relance complète du réseau québécois des services de garde, dans moins d'un mois. Un déficit qui s'explique notamment par les tâches supplémentaires visant à respecter les mesures sanitaires en vigueur.

Le retour « à la normale » dans les services de garde est prévu le 22 juin presque partout au Québec. Pour les zones chaudes que sont la communauté métropolitaine de Montréal et la MRC de Joliette, le gouvernement vise pour l'instant le 13 juillet si la situation le permet.

À trois semaines de l'échéance pour des centaines d'installations, l'Association québécoise des CPE (AQCPE) est préoccupée. D'après ses analyses et un sondage effectué auprès de ses membres, il manquera entre 1000 et 3000 travailleurs dès le 22 juin, uniquement dans les 1500 CPE de la province.

« C'est inquiétant, parce que le réseau était déjà en pénurie de main-d'oeuvre avant la pandémie », rappelle Geneviève Bélisle, directrice générale de l'AQCPE.

Désinfections supplémentaires

À cette pénurie s'ajoutent désormais de nouveaux besoins, nécessaires pour appliquer adéquatement les règles établies par la santé publique.

Dans le combat contre le coronavirus, on exige entre autres des désinfections supplémentaires des jouets et des modules, à l'intérieur comme à l'extérieur. Sans oublier la gestion des équipements de protection individuelle pour le personnel ou encore la procédure d'accueil des enfants puisque l'accès aux bâtiments est limité, même aux parents.

Toujours selon les projections de l'AQCPE, l'ensemble des mesures sanitaires obligatoires ou recommandées ajouteraient quotidiennement 23 heures de travail dans chaque service de garde. Il s'agit d'une moyenne établie en fonction d'un CPE de 80 places exploité à plein rendement.

En pareil cas de figure, il faudrait embaucher trois travailleurs de plus pour suffire à la tâche, précise Mme Bélisle, dont le mot d'ordre envers les membres est de ne faire aucun compromis « sur la santé et la sécurité de tous. »

« On a peur de ne pas avoir assez de gens pour remplir les tâches qui nous sont demandées. »

Geneviève Bélisle, directrice générale, Association québécoise des CPE

Mesures insuffisantes

Voyant venir le problème de main-d'oeuvre, le ministère de la Famille a mis en place certains allègements, le 12 mai. Le ratio d'éducatrices formées a notamment été abaissé temporairement. Une façon d'embaucher du personnel sans formation ou de recruter des étudiants inscrits en technique d'éducation à l'enfance.

« Ça a donné un coup de pouce", convient Geneviève Bélisle. « Mais ça ne fait pas l'ensemble du travail. [...] Ça reste difficile de trouver de la main-d'oeuvre avec l'expérience nécessaire pour accomplir ces tâches-là ou même de prendre la relève d'un groupe. »

Car l'un des objectifs de l'AQCPE est aussi d'offrir du repos aux employés durant la saison estivale. « On voudrait pouvoir donner des vacances à nos gens qui travaillent très fort depuis le début [de la crise] et qui sont fatigués », souligne la directrice générale.

Joint jeudi, le cabinet du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a affirmé que « les mesures et les assouplissements nécessaires » pour accroître le bassin de personnel avaient été mise en place.

Flexibilité demandée

L'AQCPE entend tout de même poursuivre son travail de sensibilisation auprès du cabinet.

Et, outre le recrutement d'employés, elle souhaite s'attaquer à la source du problème : la surcharge de travail.

À ce sujet, l'association souhaite engager la discussion sur l'allègement de certaines mesures sanitaires, selon les cas. « Est-ce qu'on pourrait réviser [certaines mesures] à la lumière de l’expérience [dans un milieu]? », s'interroge Geneviève Bélisle.

Des facteurs comme les groupes d'âge des enfants ou la région seraient selon elle à considérés. Elle croit également que certaines règles à l'extérieur pourraient aussi faire l'objet de changements, en accord avec la Santé publique.

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