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Garderies subventionnées : des propriétaires tournent le dos au système public

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Author: 
Lemieux, Olivier
Format: 
Article
Publication Date: 
10 Nov 2016
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EXCERPTS

« Les garderies privées subventionnées, je n'y crois plus », laisse tomber Marie-Michelle Parent, propriétaire d'une installation de 78 places à Sainte-Brigitte-de-Laval.

Au début du mois, Mme Parent a reçu les détails de sa subvention gouvernementale pour 2017, et a constaté que ses budgets étaient amputés de 107 000 $.

Marie-Michelle Parent s'attendait à subir des coupes en raison des compressions annuelles de 120 millions annoncées l'automne dernier par le ministère de la Famille, pas de cette ampleur cependant.

Même si une allocation transitoire de 60 millions a été octroyée aux centres de la petite enfance (CPE) et aux garderies subventionnées pour les aider à absorber le choc en 2016-2017, c'est insuffisant. Cet assouplissement représente 31 000 $ de moins à payer pour Marie-Michelle Parent cette année, mais l'aide est temporaire.

Devant l'ampleur du manque à gagner, elle songe désormais à quitter le réseau public pour le privé.

Une chose est claire pour la femme d'affaires : pas question d'aller de l'avant avec son projet d'accueillir 75 enfants de plus dans sa garderie en 2020. Même si elle a déjà investi temps et argent dans l'aventure, elle ne veut plus des places subventionnées additionnelles promises par le gouvernement.

« Je redonne au gouvernement son cadeau empoisonné, lance-t-elle. Le lien de confiance est brisé. »

Un autre projet abandonné à Charlesbourg

Éric Simard rêvait lui aussi de bâtir une toute nouvelle garderie subventionnée pour accueillir près de 80 enfants dans le secteur de Charlesbourg.

Le projet, approuvé par le gouvernement Marois, devait se réaliser en 2015. Il a plutôt été repoussé à 2019 lors du retour au pouvoir des libéraux. « Ça se termine en queue de poisson », déplore-t-il.

Après avoir pris connaissance des nouvelles règles de financement du ministère de la Famille, Éric Simard ne voit pas comment la future installation pourrait être rentable. Il affirme n'avoir d'autre choix que de vendre son terrain à des promoteurs immobiliers.

« C'est très émotif. C'est une décision qui n'a pas été facile à prendre », précise-t-il.

La privatisation encouragée?

Dans sa garderie de Sainte-Brigitte-de-Laval, Marie-Michelle Parent remet ouvertement en question la volonté du gouvernement à soutenir le réseau public de services de garde.

Elle accuse le ministère de la Famille de s'acharner sur les établissements subventionnés et de multiplier les vérifications afin d'encourager les propriétaires à se privatiser.

Dans la nouvelle aile qui devait lui permettre d'accueillir d'autres enfants, Marie-Michelle Parent a choisi de lancer un service de traiteur. Elle ne regrette pas sa décision.

« J'ai fait mon deuil, dit-elle. À un moment donné, il faut être lucide. »

-reprinted from Radio Canada

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